La musicothérapie un bon soin pour les prématurés
Peggy Lejoncourt, psychologue au service de la néonatologie, travaille notamment sur le lien parent-enfant qui est souvent fragilisé dans les situations des grands prématurés : leur pronostic vital étant engagé, ils ne peuvent pas être portés, bercés ou nourris par leur mère.
Dans le service, une attention particulière est portée à l’implication des parents dans les soins pour favoriser le contact précoce avec le bébé pour que le sentiment de parentalité se construise au mieux. « Une naissance prématurée est un grand choc pour les parents. Ils sont parfois déçus parce qu'un prématuré n'est pas le bébé dont ils ont rêvé. Le fait de le voir ouvrir les yeux, réagir à l'écoute des sons que propose Stéphanie, les rassure parce qu'ils se rendent compte que leur bébé communique avec son environnement, » explique Cécile Barelle, cadre infirmier du service.
A l’hôpital de Creil, seul hôpital en France qui depuis 2007 a intégré la musicothérapie dans les soins en néonatologie. Stéphanie Lefebvre est musicothérapeute, et a accompagné cette initiative depuis ses débuts. Deux fois par semaine elle met ses compétences à disposition du service pendant trois heures.
Stéphanie s’adapte à la situation de chaque enfant : avant de choisir le type d’intervention, elle passe par une étape d’observation en fonction de son état, de ses besoins et de son stade de maturation. En réanimation, elle utilise peu de paroles ou de chansons, mais plutôt le humming, une voyelisation rythmée pour créer un univers enveloppant qui rappelle l’univers sonore in utero. Soutenu par le bruit du tambour d’océan, le son simule les vibrations sonores qui parviennent au bébé par la paroi utérine ainsi que les battements du cœur de la maman, le souffle de la circulation sanguine, les bruits intestinaux. Apaiser un grand prématuré, c’est d’abord agir au niveau physiologique : réguler sa respiration et son rythme cardiaque et limiter sa dépense calorique pour optimiser les bénéfices de son apport alimentaire pour sa croissance et son développement.
Stéphanie suit les prématurés tout au long de leur séjour en néonatologie. Une relation avec le musicothérapeute s’établit au fur et à mesure des séances, ce qui participe au développement neuro-comportemental et psychoaffectif de l’enfant : « Au niveau de la survie des grands prématurés, on a fait d’énormes progrès. L’enjeu principal en néonatologie et en réanimation est d’en faire autant en soins de développement. La musicothérapie y joue un rôle important, comme la prise en charge en psychomotricité ou par les psychologues, dans l’immédiat comme dans la prévention des séquelles qui peuvent se manifester dans leur vie future.»